Chef de La Littorine à Banyuls-sur-Mer, Michel Védrines est décédé ce mercredi 21 mai 2025, à l’âge de 59 ans. Il laisse derrière lui une empreinte indélébile dans la gastronomie catalane.
Il y a des chefs qui cherchent les étoiles. Et puis il y a ceux qui, sans les convoiter, brillent par ce qu’ils transmettent. Michel Védrines était de ceux-là. Une figure discrète, mais profondément respectée. Un cuisinier enraciné dans sa terre, qui avait fait de la cuisine catalane non pas un décor folklorique, mais une matière vivante, nourrie de rencontres et de saisons. Michel Védrines aimait son “pays” catalan. Il en connaissait les marchés, les pêcheurs, les vignerons. Très tôt, il choisit la cuisine comme voie. Pas pour le prestige, il n’en avait que faire, mais par amour du geste et de la transmission.
Après plusieurs expériences dans de belles maisons de la région, il s’installe durablement à La Villa Duflot, à Perpignan. Vingt-cinq ans de fidélité. Vingt-cinq ans à faire vivre une table exigeante, respectueuse du produit et de ceux qui le font naître. Là, il affine son style : des cuissons justes, des saveurs franches, une lecture limpide du terroir catalan. Sa cuisine parlait pour lui. Pas de chichis. Des plats lisibles, ancrés dans la vérité des produits : fideuà, zarzuela, poissons de ligne, desserts maison. Une carte toujours en mouvement, au gré de la mer et des marchés. En 2017, il relève un nouveau défi : rejoindre La Littorine, la table gastronomique de l’Hôtel des Elmes à Banyuls-sur-Mer. Ici, la mer est à portée de main. L’évidence s’impose : travailler en circuit court, valoriser la pêche locale.
Nous l’avions d’ailleurs rencontré pour la première fois sur le port d’Argelès, où il s’était lié d’amitié avec Georges Jaume, figure des pêcheurs argelésiens.
Aux côtés de Kévin, souriant, visiblement heureux de voir son fils prolonger l’aventure. La veille, le Gault & Millau venait de récompenser Kévin d’un Trophée “Cuisine de la Mer” et d’une deuxième toque pour le restaurant. Un symbole fort. Michel Védrines s’est éteint. Mais son héritage est bien vivant. Dans les gestes de son fils. Dans le respect qu’il inspire encore à tous ceux qui l’ont croisé.